Gastronomie textuelle

Le blog d'un Indo-Européen, un blog communautariste où nulle pitié, nulle vertu de "tolérance", nulle bienséance hypocrite envers mes ennemis ne seront exercées.

Un simple blog à tout faire, qui pourra évoluer, et qui compte présenter tout et rien : photos, articles de fond, analyse de l'actualité, témoignages du passé, visions du futur, cauchemars de l'ici écrasants, rêves de l'ailleurs évoqués.

Un blog, parmi tant d'autres, qui n'a pour seule prétention que de créer un espace sécurisé, sanctuarisé, une fenêtre sur ce qui n'est plus, ce qui devient et ce qui aurait dû advenir. Pourquoi l'orage souverain ?

De toutes les divinités indo-européennes, c’est le dieu de l’orage et de la guerre, que nous appellerons *Maworts, qui est le plus capable d’apparaître sous la forme d’un animal, généralement correspondant à sa nature complexe. C’est sous cette forme qu’il conduit vers un nouvel emplacement une jeune génération chassée par sa tribu selon le rite du printemps sacré, dans la tradition italique. Il fut un loup pour Romulus et Rémus, fondateurs de Rome, mais aussi a pu apparaître pour d’autres peuples sous la forme d’un taureau, d’un pivert, d’un cheval ou encore d’un ours.

Les animaux liés au dieu de l’orage et de la guerre et sous la forme desquels il peut apparaître, relèvent de plusieurs fonctions, qui peuvent se recouper. La première fonction est l’association à l’orage et à la foudre, et on retrouve le cheval (selon la croyance selon laquelle le son du tonnerre est dû aux chevaux du char du dieu), le pivert, animal qui comme la foudre pouvait selon la tradition abattre des chênes, le taureau, animal porteur de la foudre chez les Indo-Européens (et les autres Européens d’ailleurs), l’aigle de guerre ou le faucon, lui aussi porteur de la foudre entre ses serres, et enfin l’ours, animal capable de grimper aux arbres, donc lien entre le ciel et la terre, et pour cela associé au ciel intermédiaire, le ciel orageux (et auroral/crépusculaire).

La seconde fonction est l’association à la virilité, le dieu *Maworts étant le mâle parfait, la représentation idéalisée du mâle indo-européen. C’est pourquoi tous les animaux symbolisant la virilité et/ou la fécondité masculine sont associés au dieu. Il s’agit dans le désordre du bouc, du cheval là encore, du bélier, du taureau et de l’ours, et les Indo-Iraniens y rajouteront l’éléphant et le chameau, animaux inconnus des Indo-Européens. Le lion est absent de cette liste, car animal associé à la royauté céleste et au soleil, au dieu *Dyeus donc, et connu des Indo-Européens (i.e *singhos) car présent à l’époque préhistorique en Europe (« leo europaeus », éteint).

La troisième fonction est l’association à la guerre au sens strict, et sont ainsi retenus les animaux de nature belliqueuse. On retrouve les animaux déjà évoqués, à l’instar du bélier et du taureau (l’association de ce dernier à la couleur rouge, couleur symbolique du dieu guerrier, et qui le rendrait furieux remonte donc à une vieille histoire), mais plus généralement le cheval, animal utile au combattant, le loup, honoré pour sa valeur guerrière reconnue, et animal par excellence du dieu, mais aussi le corbeau, combattant mais aussi charognard, nettoyant le champ de bataille comme le vautour, autre animal de *Maworts. A cette liste, on retrouve d’autres animaux à la nature belliqueuse, comme le coq, le milan, le chat mâle (« matou ») et le chien.

T. Ferrier, PSUNE

A bientôt ici-même.

Le dieu indo-européen de l’orage apparaît donc comme l’ennemi privilégié du serpent du chaos sous ses deux formes principales, celle d’un dragon d’une part, celle d’un monstre tricéphale d’autre part. Ainsi, si Python et Jormundgand sont clairement des dragons, Vritra ou Typhon, bien que de nature ophidienne, ont trois têtes. Le combat entre Héraclès et Cerbère, chien tricéphale, s’apparente également à ce genre de combat.

Quant au nom originel de ce serpent destructeur, on peut penser qu’il contenait le terme de *ogwhis, “ serpent ”, ce qui est le cas du serpent de Midgard, Midgards Ormr, du serpent iranien Azi Dahaka, ou encore de l’ennemi de Perun, Zmei.

lundi 31 janvier 2011

Flegme et apophtegme


Il existe un repère, une manière d’étalon imaginaire, pour mesurer à la fois la puissance du génie de Louis-Ferdinand Céline, et, nous n’allons pas dire les états d’âme de la France car on ne sait plus très bien si la France a encore une âme, alors disons l’état mental de la France : c’est le report dans le temps.
Imaginons, nous sommes en 1925, et il s’agit de commémorer pour une raison ou pour une autre le génial Beaudelaire, auteur des scandaleuses Fleurs du Mal, dont la première publication partielle remonte à 1855, septante ans avant.

Entre ces deux dates, deux, voire trois générations ; entre ces deux dates, la guerre de 1870, la boucherie de 14-18. Dans le domaine de la culture et des arts, les écoles se sont suivies, chacune nouvelle rendant d’une certaine façon désuète la précèdente. Dans le domaine technique, des inventions ont fait suite à d’autres inventions qui ont profondèment transformé la vie quotidienne de millions d’individus.
Eh bien, imaginons que la décision d’intégrer Beaudelaire dans un programme de commérations entraîne une polémique enflammée qui divise la France et monopolise les esprits, que l’événement apparaisse pendant plusieurs jours à la Une des média, imaginons que l’accusation de délit d’« outrage à la morale publique » d’antan soit renouvelée, renforcée… que la situation soit si délicate qu’elle ridiculise un ministre du gouvernement français qui lâchement obéit au diktat d’un seul individu qui fait son commerce de se prétendre le représentant de la totalité d’une communauté qui défend « la morale publique », et que ledit ministre en conséquence gomme en un tournemain du programme le nom de Beaudelaire. Impensable, eh bien encore une fois oui, nous vivons dans l’impensable.

Mais aussi, cette « affaire Céline » nous permet de ressentir le grand froid, le froid glacial qui frappe tous et qui emporte tout, car soudain on se rend compte, la France entière se rend compte que depuis Céline, c’est comme s’il n’y avait pas eu de littérature ! pas de littérature qui compte, pas de littérature qui vaille !
Et puis enfin, sur un mode plus prosaïque, parce que la chose nous irite, qu’est-ce que c’est que cette histoire, cette justification sans nom, cet argument creux : « Céline était un salaud. » Et comment le savent-t-ils, ceux qui le proclament ? l’ont-ils connu, ceux qui le scandent ? y étaient-ils, ceux que cela arrange… et leur voisin, c’est un salaud ? savent-ils ce qui se passe dans sa tête, au voisin ? dans son journal intime qu’il écrit le soir à la petite lampe ? Céline, salaud… des preuves, et autres choses que les textes de ses œuvres littéraires s’il vous plait.
Outre une invitation à la lecture ou à la relecture de ce géant des lettres, « l’affaire » aura permis de mesurer la déliquéscence morale de la France et l’irrévercible décadence intellectuelle qui accompagne sa lente disparition.

Philippe Régniez
Directeur Les Editions de La Reconquête


« Comprenez, condamnés à mort ! tous les sangs des races de couleurs sont “dominants”, jaune, rouge ou parme… le sang des blancs est “dominé”… toujours ! les enfants des belles unions mixtes seront jaunes, noirs, rouges, jamais blancs, jamais plus blancs !… »

« Croyez pas que j’exagère… si je vous dis que demain la France sera toute jaune par les seuls effets des mariages, que toute la politique est conne, puisqu’elle s’occupe que des harangues et des mélis-mélos de partis, autant dire de bulles, que la seule réalité qui compte est celle qui ne se voit pas, s’entend pas, discrète, secrète, biologique, que le sang des blancs est dominé, que les blancs peuvent aller tous s’atteler, très vite, leur dernière chance… pousse-pousse ou mourir de faim… allez pas dire que j’exagère… »

« Seule la biologie existe, le reste est blabla !… tout le reste !… je maintiens, au « Bal des Gamètes », la grande ronde du monde, les noirs, les jaunes gagnent toujours !… les blancs sont toujours perdants, « fonds de teint », recouverts, effacé !… politiques, discours, faridoles !… qu’une vérité : biologique !… dans un demi-siècle, peut-être avant, la France sera jaune, noire sur les bords… »

« Rien à côté de ce que vous verrez… tenez par exemple, cette petite idylle entre votre femme de ménage, blanche et votre facteur, noir… sang dominé, sang dominant !… les jeux sont faits !… laissez aux somptueux chefs d’Etats le monopole du Vide, des Emphases, leurs gardes sur la bride, trompettes, fermez le ban ! j’aurais pu dire un facteur jaune, encore bien plus triomphal ! ça que nos princes ne parlent jamais, si absorbés, confondants divagants blablas… sang, blanc perdant !… et nous voici au Brésil !… Amazone !… au Turkestan !… aviation, fusées pour la Lune sont en tout et pour tout que bruits de gueule, clowneries… Il n’y aura plus de blancs. »

L-F Céline, Rigodon, 1961
Et les Français sont bien contents, parfaitement d’accord, enthousiastes.
Une telle connerie dépasse l’homme. Une hébétude si fantastique démasque un instinct de mort, une pesanteur au charnier, une perversion mutilante que rien ne saurait expliquer sinon que les temps sont venus, que le Diable nous appréhende, que le Destin s’accomplit.

Les Beaux Draps - Louis-Ferdinand Céline

samedi 22 janvier 2011

Visages féminins - Femmes, par Pietro Antonio Rotari (1707-1762)

Girl with a book


A girl half length in blue jacket and white headscarf

Young girl with a fan

Portrait of a woman

Young woman with a fan

Portrait of a young girl - La Pénitente

lundi 10 janvier 2011

Endogamie ethnique - Vrac, profusion et considérations

 
Le temps perdu ne se retrouvera jamais.

Emprunté à l’anglais endogamy, composé de endo-, et -gamie, du grec ancien γάμος, gamos (« union, mariage »).

L'endogamie est une pratique rencontrée chez tous les peuples de la terre et qui consiste à choisir prioritairement et majoritairement son futur époux/sa future épouse à l'intérieur de l'aire géographique dont on fait partie (endogamie géographique), de la classe sociale à laquelle on appartient (endogamie sociale), du métier que l'on exerce (endogamie professionnelle), de la religion que l'on pratique (endogamie religieuse).

Ici, nous parlons de l'endogamie ethnique, à savoir le fait de chercher et d'épouser un membre de son groupe ethnique, de sa race et de son environnement génétique proche. Les groupes humains pratiquant le plus largement et le plus systématiquement ces unions matrimoniales dites "tribales", pour ne pas éructer le vilain mot que pourrait être "raciales", sont généralement admis comme étant les Juifs ashkénazes, les Arméniens, les Mormons ou encore les Roms.

Quelques feuilles volées au temps qui nous échappent, quelques feuilles pour éloigner la tentation absurde des sirènes du métissage (étymologiquement, de "mauvais tissage") et de l'hybridaton perverse à logique d'unicité...


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« Lors de nos recherches sur les relations interethniques dans le Nord afghan, nous avons rencontré à plusieurs reprises des mohâjir kazakhs dans des quartiers spécialisés des bazars, où ils excellent dans la fabrication et la vente des chapan et autres manteaux du Turkestan. Ces Kazakhs proviennent des districts sud-ouest (ils appartiennent à la Petite Horde), et sud-est du Kazakhstan et et de quelques points de ce qui est aujourd'hui l'Uzbékistan. Ils sont arrivés en Afghanistan dans les années 30 à la suite de la politique de sédentarisation des Kazakhs et des résultats catastrophiques qui ont suivi (Bacon 1966: 119). Ce qu'ils ont fui en fait, c'est la déstructuration d'une organisation tribale hiérarchique par le regroupement forcé en coopératives d'élevage. Contrairement aux Uzbeks et aux Turkmènes, ils n'ont pas trouvé en Afghanistan de communauté étendue autochtone de même langue et de même groupe ethnique; cet isolement n'a pas peu contribué à créer des liens compacts et exclusifs entre toutes les communautés kazakhs émigrées. Chacun de nos interlocuteurs kazakhs a été capable de nous donner le nombre de « maisons » de ses compatriotes réfugiés établis en Afghanistan, et même souvent des informations sur les Kazakhs établis en Turquie, en Europe ou en Amérique. La stricte endogamie, l'interdit – contraire à l'usage islamique – du mariage avec la cousine parallèle patrilinéaire, et la connaissance précise de l'appartenance lignagère contribuent à donner l'image d'une communauté ethnique, si ce n'est homogène, du moins distinguant clairement ceux qui appartiennent au Nous de tout ceux qui appartiennent aux Autres. Sans jamais se fondre dans les différentes collectivités turcophones autochtones, ils ont su trouver dans l'économie et la production artisanale de l'Afghanistan les interstices où ils excellent grâce à leurs réseaux de relations couvrant l'ensemble des marchés des villes du pays. »
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Pierre Centlivres, Micheline Centlivres-Demont, Et si on parlait de l'Afghanistan? : terrains et textes, 1964-1980, Neuchâtel : Éditions de l'Institutd'Ethnologie, 1988.


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Études sur les mélanges raciaux

Des dizaines d’études ont constaté que les Noirs américains à peau plus claire ont un QI moyen plus élevé que ceux dont la peau est plus foncée [41]. Par exemple, Lynn [29] a examiné l’enquête NORC (National Opinion Research Center) sur un échantillon représentatif de la population adulte. On a demandé aux 442 Noirs s’ils se décriraient eux-mêmes comme « très foncés », « brun foncé », « brun moyen », « brun clair » ou « très clairs ». La corrélation entre ces auto-estimations et le score à un test de vocabulaire de 10 mots était de 0,17 (P < 0,01). Rowe [40] a examiné la National Longitudinal Study of Adolescent Health (étude nationale longitudinale sur la santé des adolescents) et constaté que les
adolescents noirs avaient en moyenne un QI verbal inférieur à celui des adolescents blancs. Les métis se classaient entre les deux.

Avec sa valeur de 85 (15 de plus que la moyenne de 70 chez les Africains subsahariens), le QI
moyen des Noirs américains cadre bien lui aussi avec l’hypothèse génétique parce que les analyses génétiques estiment que les Noirs américains sont métissés de Blancs à 20-25 % en moyenne [8]. De même, la population des « métis » d’Afrique du sud a un QI moyen de 85, intermédiaire entre ceux des Africains et des Blancs, respectivement 70 et 100 [48]. Ces résultats ne sont pas dus au fait que les Noirs à peau plus claire seraient mieux traités en raison « d’effets d’attente » ou d’une « théorie de l’étiquetage ». Dans l’étude sur l’adoption transraciale au Minnesota, par exemple, certains enfants étaient mal classés, les parents adoptifs de certains enfants métis croyant que ceux-ci avaient deux parents biologiques noirs. Mais ces enfants avaient en moyenne le même QI que ceux d’autres enfants métis dont les parents adoptifs pensaient qu’ils avaient effectivement un parent biologique blanc et un noir [55]. Les données des premières études sur le poids du cerveau cadrent elles aussi avec l’hypothèse du mélange génétique. Bean [3] a trouvé, comme Pearl [37], que plus la part d’origine blanche (jugée de manière indépendante à partir de la couleur de la peau) était importante, plus le poids moyen du cerveau à l’autopsie était élevé dans les groupes de Noirs. Par la suite, Rushton [47] a examiné 37 métis d’est-Asiatiques et d’Européens tirés de l’US National Collaborative Perinatal Project et trouvé que leur volume cérébral et leur QI se situaient entre ceux des deux groupes parentaux non métissés.

Les Noirs et les Blancs régressent chacun à leur propre moyenne théorique

La théorie génétique fondamentale prédit que le QI des enfants régresse vers le QI moyen de la population dont les parents sont issus. Ce phénomène a été largement documenté pour de nombreux traits physiques chez l’homme et dans d’autres espèces. La régression à la moyenne se voit dans les unions entre individus à QI élevé : les enfants ont tendance à avoir un QI inférieur aux parents. L’inverse se produit pour les parents à QI faible : leurs enfants ont des QI plutôt plus élevés. C’est dû au fait que les parents transmettent à leurs enfants une partie de leurs gènes exceptionnels, mais pas tous. C’est comme jeter une paire de dés et obtenir deux 6 ou deux 1. Il y a toutes chances qu’au coup suivant, on obtienne une valeur moins haute (ou moins basse).

La théorie génétique prédit l’ampleur exacte de l’effet de régression. Les enfants noirs dont les parents ont un QI de 115 régressent vers le QI moyen des Noirs, soit 85, alors que des enfants blancs dont les parents ont un QI de 115 régressent vers la moyenne chez les Blancs, soit 100. La régression vers un QI moyen plus faible explique que les enfants noirs nés de parents noirs aisés à QI élevé ont un QI de 2 à 4 points plus bas que des enfants blancs nés de parents blancs à QI bas. Dans une étude, Jensen [22] a testé les prédictions de régression en utilisant des données tirées de paires de frères et soeurs (900 paires de frères et soeurs blancs, 500 paires de frères et soeurs noirs).

Cela permet des comparaisons encore meilleures que celles entre parents et enfants, parce que les enfants partagent des environnements très similaires. Les enfants noirs et blancs, appariés par valeur du QI, avaient des frères ou soeurs dont les QI régressaient sensiblement à mi-chemin de leur moyenne raciale respective et non vers la moyenne combinée des deux races. Par exemple, lorsque des enfants noirs et des enfants blancs avaient un même QI de 120, les frères des enfants noirs avaient une moyenne proche de 100 et ceux des enfants blancs une moyenne proche de 110. L’effet inverse était observé
également pour les enfants appariés à l’extrémité inférieure de l’échelle des QI. Lorsque des enfants blancs et noirs étaient appariés à un même QI de 70, les frères des enfants noirs avaient un QI moyen d’environ 78, et ceux des enfants blancs un QI moyen de l’ordre de 85. Sur toute la gamme des QI de 50 à 150, les résultats étaient exactement conformes aux prédictions de la théorie génétique, et non de la théorie « culture seulement ».

J. Philippe Rushton, Arthur R. Jensen, La très dérangeante vérité de James Watson : réalisme racial et illusion moraliste, Medical Hypotheses 71, 2008, 629–640.

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Il serait peut-être intéressant d'examiner un peu plus en détail les ressemblances entre le système indien des castes et ce que nous appellerons en bref le système des castes de couleur. Dans l'un et l'autre cas, les éléments constitutifs de la société sont séparés les uns des autres par des frontières nettement marquées. Les différences entre les castes sont renforcées par l'homogénéité plus ou moins grande de chacune d'elles.
Du système des castes on pourrait dire qu'il repose sur une inégalité cumulative. Les avantages du rang social tendent à se combiner avec ceux de la richesse et de la puissance, de sorte que les individus socialement défavorisés se trouvent aussi, en général, aux échelons inférieurs de l'échelle politico-économique. Il est loin d'en être toujours ainsi dans le système des castes de couleur, où l'on trouve à la fois des Blancs pauvres et des Noirs prospères (1); mais la société indienne présente depuis longtemps des exceptions du même genre (2).
Dans les deux systèmes, les éléments constitutifs préservent leur identité en pratiquant une stricte endogamie. Dans un système de classes, chaque individu épouse généralement quelqu'un de sa propre classe, mais aucune prescription réglementaire ne l'y contraint. Dans le sud des États-Unis, les mariages entre Noirs et Blancs étaient naguère strictement interdits, et il en est toujours ainsi en Afrique du Sud. En Inde, le principe d'endogamie a été assoupli dans certaines régions par la pratique de l'hypergamie (anuloma), qui permettait à un homme de caste supérieure d'épouser, sous certaines conditions, une jeune fille de caste inférieure. Il convient de souligner que, traditionnellement, la pratique de l'hypergamie obéissait à des règles strictes, tenant compte des distinctions entre castes ainsi que de l'ordre hiérarchique des castes; et, comme l'a fait remarquer Karve, « elle n'est admise, dans certaines régions de l'Inde, qu'entre certaines castes, et elle n'est courante nulle part » (3). Ceux qui définissent les systèmes de stratification d'après la rigueur plus ou moins grande des règles applicables au mariage ne sauraient manquer d'être frappés de l'analogie entre le système indien et le système des castes de couleur.

(1) Gunnar MYRDAL, op. cit.
(2) André BÉTEILLE, Castes old and new : essays in social structure and social stratification, p. 3,
Bombay, 1969.
(3) Irawati KARVE, Hindu society, an interpretation, p. 16, Poona, 1961.

Les groupes ethniques sont généralement endogames, et de ce fait ils ont tendance à perpétuer leur identité biologique (4).

(4) Fredrik BARTH , « Introduction », dans : Fredrik BARTH (dir. publ.), Ethnic groups and boundaríes, the social organization of culture difference, p. 14, Londres, 1969.

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Claude Lévi-Strauss, grand esprit du XXe siècle européen, expliquait avec une simplicité désarmante et pourtant très fine les systèmes de relations qui jouent entre un groupe ethnique homogène et ceux qui surviennent de l'extérieur; il jugeait bon de nous rappeler qu'une des manières de préserver sa propre intégrité au niveau des valeurs morales et de la confiance en sa communauté est de rejeter celle des autres dans le mépris ou l'indifférence. Système-réflexe qui tient de l'instinct de survie, pour éviter le paradoxe schizophrénique de la mise en relation subjective avec un Autre imposé :

"La plupart des peuples que nous appelons primitifs se désignent eux-mêmes d'un nom qui signifie « les vrais », « les bons », « les excellents », ou bien tout simplement « les hommes »; et ils appliquent aux autres des qualificatifs qui leur dénie la condition humaine, comme « singes de terre » ou « oeufs de pou ». Sans doute, l'hostilité, parfois même la guerre, pouvait aussi régner d'une culture à l'autre, mais il s'agissait surtout de venger des torts, de capturer des victimes destinées aux sacrifices, de voler des femmes ou des biens : coutumes que notre morale réprouve, mais qui ne vont jamais, ou ne vont qu'exceptionnellement jusqu'à la destruction d'une culture en tant que telle ou jusqu'à son asservissement, puisqu'on ne lui reconnaît pas de réalité positive. Quand le grand ethnologue allemand Curt Unkel, mieux connu sous le nom de Nimuendaju que lui avaient conféré les Indiens du Brésil auxquels il a consacré sa vie, revenait dans les villages indigènes après un long séjour dans un centre civilisé, ses hôtes fondaient en larmes à la pensée des souffrances qu'il avait dû encourir loin du seul endroit où, pensaient-ils, la vie valait la peine d'être vécue. Cette profonde indifférence aux cultures autres était, à sa manière, une garantie pour elles de pouvoir exister à leur guise et de leur côté."
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Claude Lévi-Strauss, Dimensions de la situation raciale, Race et culture, dans Revue internationale des sciences sociales, Unesco, Vol. XXIII, n°4, 1971, p.666.

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C'est une bombe scientifique passée totalement inaperçue dans les mainstream media. Publiée dans la prestigieuse revue Science, l'étude a été menée par une équipe de chercheurs de Reykjavik, en Islande. L'Islande en effet constitue une sorte d'El Dorado pour les généticiens et les généalogistes du fait de son isolement, de l'absence de migration après la colonisation viking, et de la grande qualité des registres de naissances et de mariages.


Les chercheurs ont étudié la fertilité de tous les couples Islandais nés entre 1800 et 1965, soit un total de 160811 couples. Et les résulats constituent une surprise totale: les couples formés de personnes légèrement apparentées, à savoir des cousins au troisième ou quatrième degré seraient bien plus fertiles que les couples formés de personnes non apparentées. Au XIXe siècle, les couples de cousins au troisième degré ont eu en moyenne 4,04 enfants et 9,17 petits enfants pour seulement 3,34 enfants et 7,31 petits enfants pour les couples non apparentés. Au XXe siècle la tendance est encore marquée, avec 3,27 enfants et 6,64 petits enfants pour les couples de cousins au troisième degré, pour 2,45 et 4,86 pour les couples non apparentés.


Pourquoi de tels résultats, alors que nous savons tous que la consanguinité a tendance à réduire le nombre de descendants par l'accumulation d'allèles récessifs néfastes ? D'après les auteurs de cette étude il s'agirait tout simplement d'une "juste mesure" génétique. En effet, si les unions de cousins germains sont néfastes, celles de personnes légèrement apparentées, comme les habitants d'un même village, offrirait une plus grande compatibilité génétique par rapport à deux parfaits étrangers. Cette compatibilité génétique se manifesterait notamment par une attraction biologique plus forte. D'après le Dr. Bruce Buehler de l'Université du Nebraska:
"Quand on se ressemble, que l'on ressent les mêmes choses, que l'on pense de la même façon, on est plus attiré l'un vers l'autre et l'on fait l'amour plus souvent. C''est une question de phéromones, et je ne serai pas surpris que les personnes légèrement apparentées aient plus de désir l'une pour l'autre."


L'endogamie serait donc génétiquement bénéfique. D'après le Dr. Kari Stefansson, auteur de l'étude:


"Il y a clairement une sagesse biologique dans l'union de personnes apparentées."


Le Dr. Stefansson va plus loin, en expliquant que si l'union consanguine est peu judicieuse génétiquement, l'union de personnes génétiquement éloignées est tout aussi mauvaise. Choisir un(e) partenaire génétiquement très éloigné provoquerait une trop forte hétérozygotie ("l'absence d'harmonie" décriée par un célèbre béké de Martinique). D'après le Dr. Stefansson:
"La mondialisation causera probablement plus de mariages interethniques, mais d'après ces observations cela risque de diminuer le nombre de naissances par couple."


C'est donc la première fois qu'une étude de très haut niveau et ayant pour sujet une large population (300 000 personnes) démontre que 1) l'endogamie est bénéfique génétiquement et biologiquement et 2) le sacro-saint métissage serait une imposture politique sans aucune base scientifique, la fameuse vigueur hybride cessant d'agir dès la deuxième génération...
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Les femmes sont plus ethno-différentialistes que les hommes en général :
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Ce sont les résultats d'une très sérieuse étude des universités de Chicago et de Columbia rapportés par le New York Times. Près de 400 étudiants de Columbia (donc une population généralement aux idées très "progressistes") furent utilisés à leur insu par une équipe de chercheurs afin d'examiner leurs préférences romantiques. Les notes attribuées par les étudiants à leurs partenaires respectifs durant plusieurs séances de speed dating furent utilisées pour évaluer leur degré d'attraction envers les différents groupes ethniques.


Il apparaît que les hommes de toutes races ne montrent aucune préférence ethnique particulière, attribuant des notes indépendamment de la race de leur partenaire. Les femmes, bien au contraire choisissent plus volontiers des partenaires de la même race qu'elles. Les femmes de race noire sont celles montrant la plus forte préférence pour des partenaires de leur propre race, suivie des femmes de race blanche, puis des hispaniques. Les femmes asiatiques sont celles qui s'intéressent le moins aux hommes de leur propre race.


L'étude (en anglais) est disponible ICI.
Ces conclusions universitaires sont corroborées par des analyses plus ponctuelles, provenant de spécialistes des sciences sociales utilisant tout les nouveaux outils à leur disposition, tels que l'Internet et les différentes plateformes de rencontre qui s'y trouvent. On peut par exemple lire à profit cet article, qui présente la réalité porteuse d'espoir encore en place aux Etats-Unis d'Amérique :

The results are striking. An African-American man would have to earn $154,000 more than a white man in order for a white woman to prefer him. A Hispanic man would need to earn $77,000 more than a white man, and Asian man would need, remarkably, an additional $247,000 in additional annual income.
If you ask an individual if they prefer to date someone their own race, the majority of people will say that they have no same-race preference.  In the online dating data we are talking about today, for example, among whites, 49% of all women and 22% of men declare a preference for white mates while only 30% of black women and 8% of black man declare a preference for black mates. Asians are the only ethic group in which men’s same-race preference is (slightly) greater than the women of their race, with both close to 21%.  Hispanic women have a lower stated same race preference than another ethnicity of women, but it is still greater than of Hispanic men. So white women are the only group in which less than 70% claim they have no preferences when it comes to race.
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« On imagine la surprise des Allemands, dévalant à travers la Russie, à ne rencontrer que des blonds aux yeux bleus, types exacts des Aryens parfaits qu'on leur avait fait admirer en
exclusivité ! Des blonds ! Et des blondes ! Et quelles blondes ! De grandes filles des champs,
splendides, fortes, l'oeil bleu clair, plus naturelles et plus saines que tout ce qu'avait rassemblé la Hitler-Jugend. On ne pouvait imaginer race plus typiquement aryenne, si l'on s'en tenait aux canons sacro-saints de l'hitlérisme !
En six mois, toute l'armés allemande était devenue russophile. On fraternisait partout avec les paysans. Et avec les paysannes ! Comme sous Napoléon, l'Europe se faisait aussi dans les
bras des Européennes, en l'espèce ces belles filles russes, taillées pour l'amour et la fécondité, et qu'on vit, pendant la retraite, suivre éperdument, dans l'horreur des pires combats, les Eric, les Walter, les Karl, les Wolfgang qui leur avaient appris, au heures creuses, que le plaisir d'aimer a son charme partout, même venant de l'Ouest.
Des théoriciens nazis professaient des théories violemment antislaves. Elles n'eussent pas
résisté à dix ans de compénétration russo-germanique. Les Russes des deux sexes eussent connu l'allemand très vite. Ils le connaissaient déjà souvent. Nous trouvions des manuels d'allemand dans toutes les écoles. Le lien de la langue eût été établi en Russie plus vite que n'importe où en Europe. »
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L. Degrelle - Hitler pour mille ans.
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« Une ville bien défendue est celle qui est entourée d'un mur d'hommes, et non d'un mur de briques » (Lycurgue)




jeudi 6 janvier 2011

Réalité charnelle

  "En attendant, elle cultive ses vignes, et ses faubourgs envahissent de nouveau les rampes du plateau à l’Ouest et au Sud. On voit encore la souche de son donjon du douzième siècle qui se détache au-dessus des escarpes de la petite citadelle, et les antiquaires aperçoivent sur quelques points de son enceinte des soubassements romains. En fouillant dans les caves des maisons, parfois on trouve des monnaies gallo-romaines, des débris de poteries rouges et noires, du bois carbonisé et même des haches de silex.
    Ces témoins de l’antiquité de la cité sont déposés dans un petit musée qui renferme aussi des sculptures provenant de l’abbaye et du château.


    Si vous allez à la Roche-Pont, montez sur les restes du donjon. De ce point élevé, la vue, par une belle matinée claire de printemps, est admirable; vers le Sud, elle s’étend jusqu’à la Saône et découvre la petite rivière d’Abonne, serpentant au fond du val à travers les prés et les vergers. Au Nord, le plateau s’élargit couvert de bouquets de bois, et n’est borné que pas les silhouettes bleues des collines de la Haute-Marne. A vos pieds, la ville avec ses remparts semble un vaisseau amarré à l’extrémité d’un promontoire. On songe alors à tous les évènements dont ce petit coin de terre a été le témoin, à ces ruines accumulées par la colère humaine, à ces flots de sang répandu. On croit entendre ces clameurs qui, tant de fois, ont frappé ces murailles…


    Cependant la nature est toujours la même, les prés s’ émaillent toujours de fleurs et revêtent d’un manteau charmant les débris entassés par la fureur de l’homme. On se sent alors envahi par un profond sentiment de tristesse, et tout bas on se dit: “A quoi bon? – A quoi bon? réplique aussitôt une voix au fond du coeur… – A quoi bon l’indépendance? A quoi bon l’amour du sol? A quoi bon le souvenir des sacrifices? Ne blasphème pas, philosophie de l’égoïsme; tais-toi devant des siècles de luttes, devant ces couches d’ossements et de débris entassés qui ont fait le sol de la patrie. Dévastée, cette colline n’a jamais été abandonnée par ses habitants; plus elle a subi d’ outrages et plus ses enfants se sont attachés à ses flancs, plus ils tiennent à ce sol tout imprégné du sang de leur aïeux, plus ils ont de haine pour ceux qui prétendraient les détacher de ce tombeau. Cela s’appelle le patriotisme; c’est la seule passion humaine qui puisse être qualifiée de sainte. La guerre fait les nations, la guerre les relève lorsqu’elles s’affaissent sous l’influence des intérêts matériels et des intrigues de partis. La guerre, c’est la lutte et la lutte est partout dans la nature, elle assure la grandeur et la durée au plus instruit, au plus capable, au plus noble, au plus digne de la perpétuité. Or aujourd’hui, plus que jamais, le succès à la guerre et le résultat de l’intelligence et de ce qui développe l’intelligence: le travail.


    Le jour où ce qu’on appelle la fraternité entre les peuples deviendrait une réalité, le règne de la barbarie sénile et des hontes de la décadence ne serait pas éloigné.


    Devant ce rocher sur lequel plusieurs générations ont combattu pour défendre leur indépendance, pour résister à la force oppressive, pour éloigner l’étranger avide, ce ne sont pas des regrets qu’il faut exprimer, c’est un hommage qu’il faut, le coeur plein de reconnaissance, rendre aux morts. Ils ne demandent pas des pleurs, mais nous convient à les prendre pour modèles."


Viollet-le-Duc, Histoire d'une Forteresse, 1874.

mercredi 5 janvier 2011

L'homosexualité chez les Anciens - Esprit guerrier, esprit pasteur


L'homosexualité, sujet épineux entre tous, enjeu d'Histoire et enjeu idéologique éternel, autour duquel se cristallisent bien des passions. Pourtant, sa naissance en tant que concept est tout à fait récente, et son calque sémantique ne saurait s'appliquer aux périodes précédentes, particulièrement celles correspondant à ce que l'on dénomme "L'Antiquité".


On la rencontre sous diverses formes dans toutes les races humaines et chez certains peuples elle a pris l'envergure d'une véritable habitude nationale. La Grèce et Rome l'ont érigée presque en institution. Orphée (qui dut à ce motif d'être déchiré par les Ménades) et Thamyris en ont été accusés. Virgile et les poètes l'ont chantée (Églogues II). Les philosophes en parlent davantage que de l'amour sexuel. Platon semble presque n'en pas connaître d'autre. Il loue Socrate, comme d'un héroïsme surhumain, d'avoir repoussé les propositions d'Alcibiade. Dans les Mémorables de Xénophon, Socrate parle de la pédérastie comme d'un acte irrépréhensible et même louable. Les Stoïciens jugent l'homosexualité digne du sage. Aristote dans un passage que citera également Edward Westermarck (Politisa, II, 9, p. 1269 B) parle d'elle comme d'un usage ordinaire sans la blâmer. Schopenhauer constate l'existence de pratiques homosexuelles chez les Celtes, pratiques favorisées par les lois, à titre de moyen préventif contre un excès de population. Il mentionne la passion du législateur Philolaos pour les hommes. Cicéron dit que, chez les Grecs, c'était un déshonneur pour les jeunes gens de ne pas avoir d'amants.


C’est le degré de féminité ou de masculinité dans chaque être par rapport à d’autres êtres qui a toujours déterminé son rôle et sa fonction, particulièrement dans les sociétés indo-européennes. Pour réaliser ses potentialités chacun devra déterminer sa position par rapport à ceux qu’il approche et ainsi réaliser sa nature, son Dedma, sa conformité à ce qu’il est. Le travail de l’homme consiste d’abord à se connaître et à se conformer à sa nature afin de se libérer d’elle.
Les hommes qui, par leur nature, sont marqués par l’ambigüité sexuelle, ont un rôle autre que la transmission du code génétique et des fonctions particulières dans la société. Les intersexuels, en qui s’unissent certains aspects masculins et féminins, possèdent, dans ces sociétés, un caractère sacré car ils évoquent l’androgyne primordial, l’unité des principes.



On assiste aujourd'hui à une véritable destruction de la bonne et totale compréhension de ce qu'a pu être une "homosexualité" antique, au profit des évolutions sexuelles actuelles, afin de chercher un ancrage historique à un phénomène absolument nouveau et peu relié à ce qu'il a pu être aux origines. Ainsi, César, les Celtes, les Grecs, les Scandinaves, sont successivement récupérés au cours de démonstrations adverses et contradictoires, tantôt pour prouver le caractère intrinsèque, consubstantiel à l'humain et bénéficiant d'une fluidité temporelle de l'homosexualité, tantôt pour en nier fermement l'existence même. Ces deux positions sont difficilement tenables, et ne résistent pas à l'analyse. Nous nous limiterons ici à l'exposé de quelques considérations sur l'homosexualité masculine, son pendant féminin n'entrant pas de la même manière dans la problématique et dans nos préoccupations les plus immédiates.


Quelques remarques pour commencer sur l'homosexualité à Rome et sur les pratiques de César, cas le plus mentionné : le sujet est évidemment marqué par des polémiques contemporaines susmentionnées, ainsi que par une grande méconnaissance générale. Pour mieux comprendre la sexualité dans le monde antique gréco-romain, je crois bon de renvoyer à P. Veyne, proclamé selon ses dires "homosexuel d'honneur" par Foucault. Lire en particulier dans Sexe et Pouvoir à Rome (collection Points) le bref mais très riche article sur l'homosexualité à Rome (pp. 187 et suivants) P. Veyne reprend ce que d'autres savants avaient déjà remarqué avant lui, mais qui est essentiel : les catégories mentales et morales des Anciens ne sont pas les nôtres, sur ce thème de la sexualité en particulier comme sur une foultitude d'autres. Dès lors, il importe de ne pas rechercher dans cette antiquité un patronage vain à nos propres choix intellectuels ou sexuels : de même, l'opinion courante va chercher à Athènes ou à Rome un modèle politique qui n'a presque rien à voir avec ce que nous appelons "République" ou "Démocratie". Dans le même ordre d'idées, force nous est de constater que les usages verbaux, langagiers et éthiques de l'antiquité sont très loin des nôtres. D'abord, deux points essentiels : les Anciens n'ont absolument pas de mot pour "sexualité", donc a fortiori pour "homosexualité" ou pour "hétérosexualité". En revanche, quand ils parlent de relations que nous appelons homosexuelles, ils désignent toujours par deux mots différents l'homme jugé "actif" et l'homme jugé "passif". C'est une différence fondamentale qu'il y a là, bien plus pour l'esprit que pour la lettre; P. Veyne écrit : "Un mépris colossal accablait l'adulte mâle et libre qui était homophile passif." Ce personnage-type (au même titre qu'un personnage clé au théâtre) est toujours l'objet d'un jugement extrêmement négatif, fréquent dans la littérature judiciaire (le droit antique ignorant tout autant l'idée d'un "ministère public" que la diffamation, les accusations diverses et variées concernant les mœurs de l'adversaire vont bon train sous la plume d'un Démosthène ou d'un Cicéron). Le fait est que, dans l'opinion de ses contemporains, que César ait été dans sa jeunesse le mignon d'un roi barbare constituait une redoutable casserole politique. Inversement, et vice versa, si César avait été l'amant "actif" d'un roi barbare "passif", c'eût été incontestablement un titre de gloire, parce qu'il eût démontré la "supériorité" du nomen romanum sur les peuples barbares.


Les éternels contributeurs au débat sur la vie intime (ou si peu) de César indiquent qu'"à Rome, César passait pour le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris". Il faudrait corriger et préciser : la citation est dans Suétone, mais elle n'est pas présentée comme l'opinion générale des Romains, mais comme la chansonnette des légionnaires lors du quadruple triomphe de César. Pour comprendre cette citation, il faut savoir en quoi consiste un triomphe, la nature des relations de César avec ses troupes, et enfin le contexte politique. Rappelons donc que le triomphe est la récompense officielle donnant à un général le titre d'imperator, et que les festivités auxquelles il donne lieu sont du genre des Saturnales, à savoir un peu ce que nous appelons "la fête des Fous" au Moyen-Âge : une extrême liberté (momentanée) de parole y est d'usage chez les soldats qui usent et abusent de quolibets à l'égard de leur chef. Mais bien sûr, la fête des fous ou le triomphe n'ont qu'un temps, et tout l'art de bien user de ce temps est, pour ceux à qui il est accordé, dans la manière de s'en servir. Le quolibet rapporté par Suétone a évidemment deux volets : d'un côté, il loue le chef pour ses conquêtes féminines (point extrêmement connu et ne faisant aucune discussion) et d'un autre, il rappelle un point qui faisait scandale : l'accusation d'homosexualité passive. Maintenant, si les soldats peuvent se permettre de rappeler ce point à leur chef, c'est bien par dérision: ils lui lancent une petite pique (c'est la petite vengeance permise par le triumphus à des hommes qui par ailleurs aimaient bien celui qui, à la différence d'Auguste, commençait tous ses discours à la troupe par : "Commilites", soit à peu près "Camarades-combattants"). Mais surtout, le rappel du vieux scandale est en fait aussi une gifle politique aux adversaires de l'imperator, quelque chose comme : "vous pouvez bien raconter tout ce que vous voulez sur César, et vous ne vous êtes pas gênés pour cracher votre venin, mais nous sommes tellement forts que nous pouvons vous imposer même un débauché." Ainsi, la chansonnette du triomphe répond parfaitement à divers besoins : on flatte le chef pour ses conquêtes, mais aussi on l'asticote, et on en profite pour provoquer et clôre le bec des patriciens, souvent mal vus par la troupe.


Jules César n'était au mieux qu'homophile, et dans un sens des conceptions qui interdit en fait tout rapprochement avec l'homosexualité définie comme identité de manière récente (et qui n'a été mise en exergue comme telle qu'à partir du moment où l'Église chrétienne s'en est emparée afin de la mieux condamner, réprimer et diaboliser).



Abordons les Celtes, maintenant. Aristote (IVe s. av. J.-C.), Diodore de Sicile (Ier s. av. J.-C.), Strabon (Ier s. av. / Ier s. ap. J.-C.), Claude Ptolémée (IIe s. ap. J.-C.), Athénée (IIIe s. ap. J.-C.), Eusèbe de Césarée (IVe s. ap. J.-C.), puis le pseudo-Bardesane, évoquent l'homosexualité comme une pratique commune et admise chez les Celtes (ici employé pour Gaulois). A la vue de ces témoignages, deux aspects distincts ressortent ; un amour viril entre hommes pubères et des relations avec des jeunes-hommes non-pubères, se rapprochant nettement de la prostitution.

Chez Diodore de Sicile, Strabon, Athénée, Eusèbe de Césarée et le pseudo-Bardesane, l'homosexualité est plutôt perçue comme une perversion poussant de jeunes hommes à offrir leurs faveurs, voire même, à se prostituer auprès d’hommes mûrs. La description de Diodore apparaît plus intéressante que les suivantes, Strabon et Athénée reprenant semble-t'il les écrits du premier, sans y apporter quoique ce soit de plus. Eusèbe de Césarée et le pseudo-Bardesane plus tardifs encore, ont pour intérêt de mettre en opposition une homosexualité gauloise, à une polygamie britannique.


Diodore de Sicile, Histoire Universelle, V, 21 : "Quoique leurs femmes soient parfaitement belles, ils ne vivent avec elles que rarement, mais ils sont extrêmement adonnés à l'amour criminel de l'autre sexe et couchés à terre sur des peaux de bêtes sauvages, souvent ils ne sont point honteux d'avoir deux jeunes garçons à leurs côtés. Mais ce qu'il y a de plus étrange, c'est que sans se soucier en aucune façon des lois de la pudeur, ils se prostituent avec une facilité incroyable. Bien loin de trouver rien de vicieux dans cet infâme commerce, ils se croient déshonorés si l'on refuse les faveurs qu'ils présentent". 


Strabon, Géographie, III, 4, 6 : "Enfin, s'il faut en croire un bruit très répandu, tous les Gaulois seraient d'humeur querelleuse ; on assure de même qu'ils n'attachent aucune idée de honte à ce que les garçons prostituent la fleur de leur jeunesse". 


Athénée de Naucratis, Deipnosophistes, XIII, 79 : "On sait que, parmi les barbares, les Celtes, qui possèdent pourtant des femmes magnifiques, ont une préférence pour les garçons, de sorte qu'on voit beaucoup d'entre eux coucher avec deux mignons à la fois sur leurs lits en peaux de bêtes". 


Eusèbe de Césarée, La préparation évangélique, VI, 10 : "En Gaule, les jeunes gens servent de femmes en toute licence, sans voir-là un sujet de blâme, vu la loi ; or il est impossible que tous les Gaulois qui subissent ces outrages impies aient eu en partage, à leur naissance, l'Etoile du matin [Vénus] quand elle se couche avec Hermès dans les maisons de Cronos et les limites d'Arès. En Bretagne, plusieurs prennent une seule femme [...].". 


Pseudo-Bardesane, Le livre de la loi des contrées : "Cependant, dans le nord, dans le pays des Germains et dans ceux qui se trouvent dans le voisinage, les jeunes garçons, beaux de figure, remplissent auprès des hommes le rôle de femmes. Ils célèbrent aussi des cérémonies de mariage, et cela n'est pas considéré chez eux comme un déshonneur, parce que leur loi le permet ainsi. Cependant il n'est pas possible que tous ceux qui habitent la Gaule, et qui sont ainsi flétris par ce vice honteux, soient nés pendant que Mercure était en conjonction avec Vénus dans le signe de Saturne, dans les limites de Mars, et dans les signes du Zodiaque à l'Occident. Car les hommes qui sont nés sous cette influence sont déshonorés, est-il écrit, et traités comme s'ils étaient des femmes. Chez les Bretons, beaucoup d'hommes n'ont qu'une seule femme. [...] Et nos frères [chrétiens] qui sont en Gaule ne prennent pas des mâles pour des femmes." 

Aristote revendiquait ouvertement son hétérosexualité, à une époque où l’homosexualité était culturellement encouragée. Comment l'homosexualité était-elle perçue chez les Celtes de l’antiquité entre hommes adultes? Aucun texte ne l'évoque, néanmoins Aristote, dans son ouvrage la Politique, voit dans l'homosexualité de certains Celtes adultes, une forme d'amour viril entre guerriers. Cette pratique était selon ses dires "honorée" et leur permettait d'échapper à la domination des femmes, le "fléau des Etats".

Aristote, Politique, II, 6, 6 : "La conséquence nécessaire, c'est que, sous un pareil régime, l'argent doit être en grand honneur, surtout quand les hommes sont portés à se laisser dominer par les femmes, disposition habituelle des races énergiques et guerrières. J'en excepte cependant les Celtes et quelques autres nations qui, dit-on, honorent ouvertement l'amour viril. C'est une idée bien vraie que celle du mythologiste qui, le premier, imagina l'union de Mars et de Vénus ; car tous les guerriers sont naturellement enclins à l'amour de l'un ou de l'autre sexe". 

Pour les Germains, il y a un texte d'Ammien Marcellin, historien latin du IVe siècle, qui disait des Taïfales, peuple de l'entourage des Goths, originaires du sud de la Suède :
"Nous avons appris que les Taïfales sont un peuple honteux, tellement scandaleux par leur vie obscène faite de libertinage que chez eux les adolescents sont liés à des hommes adultes dans une union d'un genre indicible, cela, pour consumer la fleur de leur jeunesse dans les pratiques répugnantes qu'ils ont chez eux. Ajoutons que lorsque l'un d'entre eux, devenu adulte, est capable de capturer seul un sanglier, ou de terrasser un ours, il est libéré de cette union de débauche".
On retrouve ici les mêmes caractéristiques typiques de l'homosexualité générale Indo-européenne, à savoir le caractère viril, guerrier, symbolique et initateur de l'acte, du processus et de la pratique, ainsi que leur effacement devant l'entrée dans la société adulte après le rite de passage.

Il est peut-être plus remarquable que l'homosexualité soit restée présente dans la tradition celte bien après l'avènement du christianisme, comme en témoignent certains textes littéraires datant du Moyen Age. Dans les légendes irlandaises, par exemple, le héros Cûchulainn entretient une relation amoureuse avec le jeune Ferdéad et, après la mort de celui-ci, exprime son désespoir dans de poignants poèmes. Et dans l'histoire de Lancelot, l'amour qu'éprouve pour le héros le géant Galehot est un des ressorts décisifs de l'action. C'est en raison de l'amour qu'il porte à Lancelot que Galehot renonce à la victoire qu'il pouvait remporter sur le roi Arthur. Galehot meurt d'amour, littéralement, quand il croit Lancelot mort, et celui-ci, malgré son amour pour la reine Guenièvre, le rejoindra finalement puisqu'il sera enterré dans la même sépulture.




Cette homosexualité, qui est plutôt une bisexualité, puisque sa relation avec Ferdéad n'empêche pas Cûchulainn, par exemple, d'avoir de nombreuses liaisons féminines, doit être replacée dans le contexte d'une société qui se caractérise, on l'a vu, par une grande liberté sexuelle. Il est à noter que cette liberté vaut aussi pour la femme. Celle-ci peut exprimer librement son désir. Elle a souvent l'initiative dans la relation sexuelle, voire même elle l'impose à son partenaire. Elle ne peut être mariée sans son consentement; elle peut divorcer. Par ailleurs, elle peut posséder des biens; elle participe aux combats; et l'on note que souvent les héros sont dits "fils d'une telle", au lieu d'être désignés par le nom de leur père. Bref, la femme celte conserve une indépendance qui fait peut-être la véritable originalité de la civilisation celtique par rapport à ses contemporaines grecque, romaine et autres. Jean Markale (Amour et sexualité chez les Celtes, 1991) se demande si les Celtes, appartenant à la civilisation indo-européenne qui était de type patriarcal, n'ont pas eu à composer, quand ils sont arrivés en Europe vers 1800 avant Jésus-Christ, avec les précédents occupants du sol, qui auraient pratiqué une forme de matriarcat. Hypothèse intéressante, mais qui sera difficilement démontrée dans l'état actuel de nos connaissances.

Il est également précisé que les femmes qui avaient des enfants étaient très respectées et gagnaient un statut social élevé. En temps de guerre, elles étaient extrêmement courageuses et combattaient aux côtés de leurs hommes. Selon la loi druidique ancienne, un homme était autorisé à avoir deux épouses.


Quand aux ridicules poncifs sur les Grecs, une rigoureuse application des " insights " psychanalytiques et ethnologiques prouvera que le Grec moyen - même le dandy athénien laconisant, même le Spartiate - n'était pas, psychiatriquement parlant, un perverti, en dépit de son comportement homosexuel. A certains égards il était peut-être même plus hétérosexuellement orienté que l'homme moderne. Un adolescent contemporain, courtisé par des hommes adultes, encouragé à en tirer gloire et soumis de plus à des pratiques homosexuelles deviendrait, dans la plupart des cas, un perverti authentique et permanent et dans le reste des cas, un névrosé. L'adolescent grec devenait pourtant un adulte non névrosé - totalement (ou en grande partie) hétérosexuel. En fait les Grecs considéraient le rite d'éromenos comme un stade du développement de l'enfant vers la masculinité (de même que chez les Celtes, et dans de nombreuses autres sociétés Indo-Européennes). Ce n'était assurément pas la meilleure voie, mais elle était rendue nécessaire par un paternage inadéquat.

Divers indices permettent néanmoins de supposer que le modèle pédérastique de la Grèce antique a évolué à partir de rites initiatiques des sociétés de chasseurs-cueilleurs du paléolithique supérieur.
La pédérastie supposait un lien de couple entre un homme et un garçon déjà entré dans la préadolescence (donc à partir d'au moins douze ans). Ce couple tenait sa légitimité de nombreux équivalents symboliques ou mythologiques en la personne des dieux ou des héros (Zeus et Ganymède, Apollon et Hyacinthe, Apollon et Cyparisse, Héraclès et Iolaos, Thésée et Pirithoos, Achille et Patrocle). À Sparte, il était directement institué par la loi (Grande Rhêtra de Lycurgue). L'environnement socioculturel faisait de la pédérastie un mode reconnu de formation des élites sur le mode ésotérique (un maître-un élève). Les termes désignant l'homme et le garçon pouvaient varier d'une cité à l'autre : par exemple, erastes (amant) et eromenos (aimé) à Athènes, eispnelas (inspirateur) et aites (auditeur) à Sparte. Les modalités de la relation différaient également ; selon les cités, les rapports sexuels étaient permis ou non. Les fêtes publiques initiatiques axées sur l'homosexualité pédagogique étaient nombreuses à travers la Grèce : les Hyacinthies de Sparte, les Théséia et les Euandria d'Athènes...

La Crète offre le modèle le plus ancien d'institution pédérastique, dont on connaît essentiellement les caractéristiques grâce à un texte d'un historien grec du IVe siècle, Ephore, repris par Strabon. Après en avoir fait l'annonce et obtenu l'approbation du père, l'homme procédait à l'enlèvement rituel du garçon, le rapt pédérastique. Commençait alors pour ce dernier une période d'apprentissage placée sous la responsabilité de l'adulte, qui l'isolait avec lui à la campagne pour une durée de deux mois environ. Il s'agissait de faire du garçon un chasseur adroit et un combattant courageux. Pendant toute cette période, le couple partageait également des activités sexuelles. On considérait comme normal pour le jeune garçon de s'offrir à son amant, en marque de reconnaissance pour les efforts que l'homme consacrait à sa formation. À l'issue de cette période, le garçon était reconduit dans la cité, où l'on fêtait son retour et sa renaissance sociale, publiquement et à grands frais. Parmi les nombreux présents, trois cadeaux rituels étaient obligatoires : un bœuf, qui manifestait sa capacité à sacrifier aux dieux, une armure, qui marquait son entrée dans le groupe des citoyens-soldats et une coupe lui permettant de participer au banquet ou symposion, festin civique masculin. On reconnaissait alors l'éphèbe à la fois comme homme et comme citoyen. En même temps, le garçon pouvait dénoncer son partenaire s'il l'avait forcé à des relations contre sa volonté, et ainsi couper la relation. Cette initiation rituelle ne concernait pas l'ensemble des citoyens. Ceux qui l'avaient connue se voyaient accorder des marques d'honneur particulières.





Je conseille de lire John J. Winckler, Désir et contraintes en Grèce ancienne (préface de D. Halperin, traduction de S. Boehringer et N. Picard, Paris, EPEL, 2005. 445 p.). Dans la première partie, J. Winckler rappelle que la sexualité grecque est basée sur la domination, la pénétration phallique et la relation plutôt que sur l’objet et examine la masculinité grecque. Sa lecture de l’Oneirocriticon d’Artémidore vise à examiner les significations sociales que les individus accordent à leurs rêves . Nous ne sommes pas dans l’interprétation freudienne des rêves comme le démontre l’auteur à travers une bonne mise au point, mais dans un discours où le sexe permet aux « hommes de mettre en place leur identité sociale dans une culture publique qui connaît une intense compétition fondée sur la règle du jeu à somme nulle » (37). L’Oneirocriticon confirme parfaitement l’asymétrie des relations sexuelles grecques. En distinguant les actes contre nature – ceux qui défient la convention sociale comme les rapports entre femmes qui se passent de pénétration phallique – des actes «naturels» lesquels sont divisés en rapports sexuels conventionnels (kata nomon) et non-conventionnels (para nomon), Artémidore fait apparaître une nature sexuelle très culturelle et loin de la division sexuelle moderne.
Au chapitre II, «Faire la loi : la supervision du comportement sexuel dans l’Athènes classique», J. Winckler examine les opérations à travers lesquelles la communauté articule, contrôle et gère les comportements déviants dans l’Athènes classique via des pratiques de contrôle de soi et de l’autre, puisque la mise en accusation permet de surveiller et punir ses adversaires politiques. On opposera la bonne virilité de l’hoplite à la mauvaise virilité du kinaidos qui renvoie à un contre-modèle effeminé. Le kinaidos n’est pas un homosexuel mais celui qui transgresse la définition dominante de la masculinité. Au citoyen grec s’oppose le prostitué qui est un débauché sexuel, place le sexe dans le registre de la transaction financière et se fait passif lors de la pénétration. Plus qu’une conduite, il s’agit d’une virtualité tapie en tout homme qu’il convient d’étouffer en lui opposant la figure de l’hoplite viril. On se rapproche en fait de la morale sociale romaine, où l'acte sexuel est avant tout acte de fierté, d'expression conquérante et de force, où le passif est justement méprisé.


En somme, l'homosexualité grecque fut un phénomène à la fois psychologique et sociologique; pour autant qu'elle fut un comportement individuel, elle doit être expliquée psychologiquement, en tant qu'activité culturellement encouragée, de manière sociologique. Des explications multiples et également complètes sont courantes dans le monde scientifique. Comme on peut le voir, en Grèce comme dans les mondes romain et celtique, l'homosexualité n'a jamais été un comportement sexuel unique, homogène et revendicatif; toujours lié autant au sacré qu'à la vie quotidienne, elle consistait souvent en rites d'initiation, rivalités guerrières, affirmations viriles et symboliques évolutives. Il est absolument impossible de la rattacher à l'homosexualité de notre époque, qui connait la distorsion propre à tous les domaines des moeurs occidentales, celle de l'imposition agressive, de la visibilité décomplexée, celle de la psychorigidité des comportements qui se figent en des attitudes et postures terriblement consensuelles. Cette homosexualité s'est toujours vue couplée avec une structure sociétale et un désir évidemment fortement hétérosexuel, et c'est ainsi que tant la Gaule que Rome ou encore la Grèce étaient des patries populeuses durant toute l'Antiquité.

Orage.